Voila une question que je me pose régulièrement lorsque je lis les actualités artistiques aux Etats-Unis. Pour augmenter leur chiffre d'affaires, artistes et galeristes vendent des reproductions en séries limitées. J'ai vu et je vois des exemples tous les jours au travers de mes expériences et lectures :
- sur un salon d'art à New York, j'ai vu des galeristes vendre des reproductions à côté des originaux (ex: http://www.paceprints.com/)
- des tutoriels vidéos postés sur Youtube par des artistes US expliquent comment vendre son art sur internet. La vente de reproductions de tableaux y est systématiquement mentionnée comme une source de revenus (voir vidéo de l'artiste Lorna Wallace sur Youtube).
- tous les artistes proposent, sur leur site, la vente de reproductions.
1- Quels sont les avantages de la vente de repros en séries limitée ??? Pour l'artiste, les avantages sont indéniables et immédiats :
a) diffusion de copies de ses tableaux, d'où une valorisation de l'œuvre originale
b) contrôle de la production (l'artiste peut faire fabriquer exactement les quantités de tableaux qu'il souhaite, au format qu'il souhaite) avec signature de l'artiste au dos pour attester de la provenance.
c) augmentation de son nombre de clients potentiels (voir mon billet sur le bon marketing mix, originaux vs copies)
d) augmentation de ses revenus
e) une technologie de reproduction accessible et permettant la fabrication d'impression de très haute qualité (l'impression numérique à jet d'encre couleur)
2- Pourquoi les artistes français y sont réfractaires ??? Il peut y avoir plusieurs explications possibles :
a) Ils sont assez riches et vendent suffisamment d'originaux
b) leur capacité de production est suffisante pour qu'ils puissent produire autant de toiles qu'ils souhaitent chaque jour
c) ils estiment que la vente de reproduction va dévaloriser leurs chefs d'œuvres
d) ils pensent que leurs tableaux sont de tels chefs d'oeuvres qu'ils vont leur assurer une notoriété immédiate
e) ils pensent qu'ils vivent encore dans les années 80 et que la technologie s'est arrêtée à la photocopieuse Xerox.
ou bien ...
f) Ils ne connaissent pas l'existence de ces techniques de reproduction, ni le coût de fabrication de reproductions imprimée (ce n'est pas compliquer et cher comme la fabrication de lithographies).
g) ils ne savent pas comment vendre des reproductions.
Je pense personnellement que les artistes français craignent que la vente de reproductions n'affectent la vente d'originaux (qu'ils ont déjà du mal à vendre), ne connaissent pas bien les technologies et les coûts de fabrication de ces reproductions, ne connaissent pas de fournisseurs fiables pour la fabrication de reproductions, et ne savent pas comment le vendre (“comme les autres tableaux, mais moins chers", aurai-je tendance à répondre).
Vous qui êtes artistes peintres, quels sont vos freins à la vente de reproductions de vos tableaux ? Merci de bien vouloir m'éclairer et de participer au débat.
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Je pense aussi que les galeristes français (pour la plupart) sont réfractaires aux séries limitées. La tradition veut qu'on expose la version originale et unique seulement. Tous les dérivés sont pour eux de la "gadgetisation" peu rentable ! Je pense qu'ils souhaitent conserver une clientèle élitiste !
Rédigé par : Amylee | 19/07/2010 à 10:13
C'est bien le sentiment que j'ai. Heureusement que certains savent que ça leur est profitable et vendent, à côté d'originaux, des reproductions (ex: Daniel Lallemand à Honfleur : http://www.lallemand-honfleur.com). Je vais prochainement faire un billet sur les artistes US qui donnent leurs conseils pour faire de l'argent grâce à internet. Ils indiquent tous qu'ils vendent des repros de leurs oeuvres pour gagner des sous. Ils sont pragmatiques, certainement.
Et certains artistes français ont à l'esprit cette notion de "pureté" de l'oeuvre originale qui serait souillée par l'existence de reproductions en vente sur le marché. Non ?
Rédigé par : Jean-Gérard | 19/07/2010 à 10:29
J'ai déjà réalisé des digigraphies ou séries limitées de mes oeuvres, mais vu le peu de succès que cela avait auprès des galeries, j'ai très vite laissé tombé. Alors qu'à New York, toutes les galeries pratiquent la série limitée + l'oeuvre originale.
Bref, faudrait dépoussiérer tout ça !!! C'est mon avis perso.
Rédigé par : Amylee | 20/07/2010 à 10:46
Le problème doit venir des galeries alors car le monsieur que je mentionnais, M. Lallemand, est peintre mais est également propriétaire de 2 magasins dans lesquels il vend régulièrement des reproductions de ses oeuvres (que je fabrique pour lui).
N'est-il pas possible de vendre des reproductions de vos oeuvres sur votre site directement, en série limitée avec numérotation et signature Amylee ? Ou via un site comme ALittleMarket ou Etsy ?
Rédigé par : Jean-Gérard | 20/07/2010 à 10:56
Je conseille la lecture de cet article "For Some Artists, Marketing Limited Edition Giclees Makes Dollars and Sense", paru le 20 juin 2010 sur ArtPrintIssues.com : http://www.artprintissues.com/2010/06/for-some-artists-marketing-limited-edition-giclees-makes-dollars-and-sense.html
Ca serait aux artistes d'essayer de convaincre les galeristes qu'ils peuvent gagner des sous avec les reproductions.
Rédigé par : Jean-Gérard | 20/07/2010 à 11:16
Je suis justement en train de m'intéresser à la question pour faire imprimer des repros sur toile de mes tableaux (ce qui m'a fait atterrir ici par moteur de recherche ^^) Le souci que je rencontre de mon côté est le statut légal qu'il faut avoir : en tant qu'artiste inscrit à la Maison des Artistes (organisme très difficile à joindre pour avoir des infos), on a visiblement pas le droit de le faire. Je cite :
"Quels sont les travaux ou prestations qui ne sont pas concernés d’une manière générale par le régime de sécurité sociale géré par la Maison des Artistes ?
- les productions de série, les réalisations exécutées à l’unité mais ne différant les unes des autres que par des détails(...)"
Bref, avec mon numéro de siret et mon statut d'artiste, je suis limité, et c'est peut-être ce qui freine les artistes français en général ?
Je retourne chercher le statut qui me permettra de vendre ce genre de repros sans me ruiner et en restant dans la légalité ;-)
Cordialement,
Yann
Rédigé par : kkoum@laposte.net | 21/07/2010 à 00:09
Merci pour votre commentaire. C'est certainement une des raisons qui explique ces freins à la vente de reproductions. Le statut de l'artiste ne considère pas la vente de reproductions comme la vente d'une oeuvre d'art et donc les revenus générés par la vente de reproductions n'entre pas dans la catégorie de revenus donnant des avantages liés à ce statut. Ou quelque chose comme ça. Je ne suis pas spécialiste !
Toutefois, j'imagine qu'un artiste, pour vivre et générer des revenus, n'est pas limité à la vente d'oeuvres originales. Donc il a quand même intérêt à générer de nouveaux revenus. Ca m'étonnerait que vous n'ayez pas le droit de vendre des reproductions.
Si vous avez des précisions, elles sont bienvenues.
Rédigé par : Jean-Gérard | 21/07/2010 à 09:44
Je pensais qu'on pouvait vendre 8 reproductions numérotées et signées, mais difficile d'en être sûr vu cette phrase sur le site de la MDA.
Je suis en train d'étudier le statut d'auto-entrepreneur, qui serait peut-être la solution.
Dès que j'aurai la réponse, je reviendrai vous en faire part.
Cordialement,
Yann
Rédigé par : kkoum@laposte.net | 21/07/2010 à 17:02
C'est sûr que le statut d'auto-entrepreneur vous permettra de vendre des reproductions de tableaux, autant que vous voulez (dans la limite du chiffre d'affaires auquel on a droit avec ce statut). Je ne sais pas si ce statut est plus avantageux que celui d'artiste.
Merci de nous tenir au courant de vos recherches.
Rédigé par : Jean-Gérard | 21/07/2010 à 17:18
Bonjour,
Je reviens vous tenir au courant de mes recherches sur le sujet.
Tout d'abord, il n'y a pas de comparaison entre choix du statut d'auto-entrepreneur OU d'artiste selon les avantages : les activités de création dépendent du statut d'artiste-auteur, et ne peuvent être sous celui d'AE (j'ai lu qu'être artiste-auteur était plus avantageux, cependant)
En revanche, la reproduction en série d'imprimés ou produits dérivés ne peut dépendre du statut d'artiste-auteur.
La Maison des Artistes m'a donc conseillé de contacter soit l'URSSAF, soi la CIPAV, soit le régime social des indépendants pour obtenir des renseignements.
C'est l'URSSAF que j'ai finalement contacté.
En résumé, je peux en effet m'inscrire en auto-entrepreneur pour vendre des repros de mes tableaux : activité commerçante "vente de tableaux", BIC et 12%.
Pour le fait que j'ai déjà un numéro de siret, ils me disent de ne pas en tenir compte et d'indiquer "en observation" pour signifier que j'exerce déjà une activité indépendante.
Je vais donc m'inscrire en espérant ne pas m'emmêler dans toutes ces données ;-)
Merci pour ce sujet qui intéressera sûrement d'autres artistes ;-)
Cordialement,
Yann
Rédigé par : kkoum@laposte.net | 26/07/2010 à 10:17